76 | Julia Cottin
THE WORD FOR WORLD IS FOREST
a solo exhibition by Julia Cottin
26.10.2024 - 07.12.2024
Saturday 26.10.24 _ 2 - 7 pm opening drinks in the presence of the artist
Julia Cottin
LE NOM DU MONDE EST FORÊT
Née en 1981 à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), Julia Cottin vit et travaille à Paris. Développée autour de gestes simples inscrits dans la tradition du genre artistique (tailler, découper, assembler, empiler...) et opérés sur le bois comme matériau de prédilection, la sculpture de Julia Cottin trouve sa source d’étude dans l’architecture, à travers ses symboles (la colonne) et ses archétypes.
Pour la Galerie Valerie Traan, l’artiste conçoit de nouvelles oeuvres, et réactive l’installation des colonnes qui inversent des standards de construction et prolongent sa réflexion sur l’espace naturel et construit.
Le titre qu’elle a choisi de donner à l’exposition, The Word for World is Forest fait référence à un court roman de science-fiction publié par Ursula K. Le Guin en 1972 qui explore notre rapport à l’environnement et offre un point de vue très anti-colonialiste. C’est aussi un voyage dans la civilisation des Athshéens, dont une partie de l’existence se passe dans le monde du rêve, sous les frondaisons des grands arbres, et qui, avant l’arrivée des humains, ne connaissaient pas la violence.
Dans la continuité de son travail sur les standards de l’architecture à partir d’images d’ar- chives, Julia Cottin réalise des dessins à l’encre de Chine tels les détails de l’architecture de l’hôtel Beau rivage situé sur la côte ouest française. Un hôtel typique des années 50, claustra au rez-de-chaussée, garde-corps géométriques en alternance formant brise-soleil, la façade nous dit bien une architecture moderne et franche dont la blancheur supposée des garde-corps forme cette image abstraite fabriquée par le jeu des ombres et des répétitions.
Pour l’installation de 7 colonnes en bois sculpté calées entre le sol et le plafond de la galerie, l’artiste conserve les éléments propres à la composition d’une colonne : base, fût, chapi- teau. Mais ce vocabulaire de l’architecture classique est destitué par la répartition aléatoire des segments verticaux, par leur fabrication brute ainsi que par la fonction symbolique qui leur est ici donnée.
Traditionnellement rattachée, dans l’histoire de l’architecture, à un rôle de soutien monumental et à un symbole souvent académique de l’élévation, la colonne prend ici une allure d’étai, la valeur d’un élément de chantier qui supporte temporairement une charge.
Julia Cottin s’inspire à la fois des colonnes romanes et orientales qu’on trouve dans les mosquées. Comme dans toutes les sculptures de l’artiste, la portée métaphorique (inscription d’un espace naturel dans un espace construit ; rencontre du monde occidental et du monde oriental ; pouvoir renversé soutenu par une topographie naturaliste...) est contrebalancée par une dimension pragmatique affirmée (équilibre des forces, résistance du matériau, question de la fonctionnalité, échelle humaine).
Julia Cottin souligne la dimension archéologique de son travail et son souci de faire se superposer différentes époques des formes et de l’architecture.
Accolade, est un jeu de mot et de formes qui rappelle les accolades sculptées sur les linteaux de fenêtres ou le vocabulaire formel de la sculpture de Brancusi. Ces 3 poutres en chêne sculpté sont mises en tension verticalement entre deux sangles de serrage, une manière aussi de mettre à distance la sculpture moderne par un clin d’œil humoristique.
Cataclop est une sculpture en bois qui suggère le mouvement, un pas de danse ou encore le pas du cheval et le son qu’il en émane. Cataclop évoque le rétablissement constant du mieux qu’on peut du déséquilibre qui nous habite tous et qu’on doit réconcilier constamment.
Dans Vie des formes, Henri Focillon écrit de l’œuvre d’art qu’elle ne s’inscrit pas seulement dans l’espace : « il ne suffit pas de dire qu’elle y prend place », mais que « l’œuvre d’art est mesure de l’espace, elle est forme et c’est ce qu’il faut d’abord considérer »
Corps et espace s’interpellent.
En expérimentant des matériaux formels rudimentaires l’artiste met aussi en jeu son propre corps dans certaines œuvres exposées, dans l’idée tantôt loufoque, tantôt sérieuse, de prendre la mesure du monde.
La mire qui apparaît quasi systématiquement sur les photographies d’archéologie est étirée ici à la taille de l’artiste, 172 cm, coulée dans un plâtre céramique et donne la mesure à l’espace d’exposition comme un corps étalon.
Julia Cottin
THE WORD FOR WORLD IS FOREST
Born in 1981 in Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), Julia Cottin lives and works in Paris.
Developed around simple gestures in the tradition of the artistic genre (carving, cutting, assembling, stacking, etc.), using wood as her preferred material, Julia Cottin’s sculptural work finds its references in architecture, using its symbols (the column) and its archetypes.
For the Galerie Valerie Traan, the artist has designed new works, reactivating the installation of columns that invert construction standards and extend her reflections on natural and constructed space.
The title she has chosen for the exhibition, The Word for World is Forest, is a reference to a short science fiction novel published by Ursula K. Le Guin in 1972, which explores our relationship with the environment and offers anti-colonialist viewpoint. It is also a journey into the civilization of the Athseans, part of whose existence is spent in the dream world, under the canopies of the great trees, and who, before the arrival of humans, knew no violence.
As a continuation of her work on architectural standards based on archive images, Julia
Cottin has produced drawings in Indian ink showing details of the architecture of the Beau Rivage hotel on France’s west coast. A typical hotel from the 1950s, with shutters on the ground floor, stonework and alternating geometric balustrades forming sunscreens. The façade is a clear example of modern architecture. The whiteness of the balustrades forming an abstract image created by the interplay of shadows and repetitions.
For the installation of 7 sculpted wooden columns stalled between the floor and ceiling of
the gallery, the artist retained the elements that are typical of the composition of a column: base, shaft, capital. But this vocabulary of classical architecture is superseded by the random distribution of the vertical segments, their crude construction and the symbolic function they are granted.
Traditionally associated, in the history of architecture, with a role of monumental support and often a symbol of academic elevation, the column here takes on the appearance of a prop, the value of a building element that temporarily supports a load.
Julia Cottin is inspired by Romanesque and Oriental columns found in mosques. As in all the artist’s sculptures, the metaphorical significance (the inscription of a natural space in a built space; the meeting of the Western and Eastern worlds; the reversed power supported by a naturalistic topography, etc.) is counterbalanced by a strong pragmatic dimension (balance of forces, resistance of the material, the question of functionality, human scale).
Julia Cottin emphasises the archaeological dimension of her work and her desire to superimpose different eras of form and architecture. Accolade is a play on words and shapes, recalling the accolades carved on window lintels or the formal vocabulary of Brancusi’s sculptures. These 3 carved oak beams are stretched between two tightening straps, a humorous way of putting modern sculpture at bay.
Cataclop is a wooden sculpture that suggests movement, a dance step or a horse’s stride
and the sound that emanates from it. Cataclop evokes the constant re-establishment, as far as we can, of the imbalance that inhabits us all and that we must constantly reconcile.
In Vie des formes, Henri Focillon writes of the nature of a work of art that is not solely inscribed in space: ‘it is not enough to say that it takes in space. Rather ‘the work of art is the measure of space. It is form, and this is what must be considered first and foremost’. Body and space interact.
By experimenting with rudimentary formal materials, the artist also brings her own body into play in some of the works on show, with the sometimes zany, sometimes serious idea of taking measure of the world.
The test pattern that appears almost systematically in archaeological photographs is stretched here to the artist’s height of 172 cm, cast in ceramic plaster and used to measure the exhibition space like a standard body.